Pour Sitty Ahamadi, 26 ans, cette rencontre avec la clinique mobile remonte à sa troisième grossesse. Épuisée mais intriguée, elle suivit les autres femmes du village jusqu’à une grande tente dressée à l’ombre des arbres.
À l’intérieur, elle dit avoir découvert bien plus que des soins. Elle a découvert un espace d’écoute, de respect et d’apprentissage. Elle a découvert un autre monde. Des femmes en blouse lui parlant doucement, lui expliquant avec patience des choses qu’elle n’avait jamais entendues auparavant.
« Grâce à cette voiture, j’ai appris des choses que je ne connaissais pas. Comme le fait qu’on peut préparer l’allaitement pendant la grossesse, ou encore comment bien positionner le sein pour nourrir son bébé. »
Ce moment fut une révélation. Sitty entend également parler, de la planification familiale. Un sujet dont personne ne parlait vraiment dans son entourage. Là encore, elle apprit qu’espacer les naissances était un droit. Que cela pouvait contribuer à son épanouissement physique et moral. Que cela permet à ses enfants également de grandir bien au chaud.
« La clinique m’a ouvert les yeux. Je sais maintenant que je peux choisir quand avoir un enfant, penser à ma santé, à l’avenir de mes enfants. Je me sens plus forte, plus libre. »
Depuis, elle guette chaque passage de la clinique mobile avec impatience :
« J’aimerais tellement qu’elle vienne plus souvent. Je ne vous le cache pas, quant elle vient ici à Bougweni, tout le monde est heureux. c’est comme quand c’est la saison sèche et qu’on voit la pluie tombée. Actuellement, j’attends la clinique pour faire le suivi de mes vaccins et être à jour.»
À ses côtés, Hanati Sidi, 37 ans, qui est à sa 4eme grossesse, partage le même soulagement, le même sentiment d’être enfin prise en compte.
« Parfois, après un retard des règles, on se dit que peut-être on est enceinte, mais avec le trajet, surtout quand il faut parcourir des kilomètres, ça diminue l’envie d’aller consulter. Parfois, on manque même de frais de taxi. Puis on arrive à un stade où on se dit qu’on attend juste l’accouchement. »
La venue régulière de la clinique mobile, avec l’appui de l’UNFPA, brise cet isolement. Grâce à l’innovation de l’UNFPA avec le déploiement de la clinique mobile, ce cercle vicieux perd ses forces. Car la clinique Mobile soigne mais aussi oriente et incite les femmes enceintes à se rendre à l'hôpital pour éviter les décès maternels évitables.
« Les sages-femmes nous conseillent, elles nous disent de ne pas attendre si on sent quelque chose d’anormal. Elles nous encouragent à aller à l’hôpital ».
La clinique offre des médicaments, des conseils personnalisés, des gestes d’écoute. Elle reste un service de santé dans le bain de l’humanisme, une main tendue vers celles dont la distance et le manque de moyens les tiennent éloignées des soins. Et une voix qui leur dit : vous n’êtes pas seules.
Ce véhicule est bien plus qu’une structure médicale : c’est un refuge, une source d’information et de soins, une main tendue aux femmes trop longtemps tenues à l’écart des services de santé.
« Alhamdulillah. On remercie Dieu pour cette voiture. Elle change la vie, et on espère qu’elle continuera à toucher d’autres femmes, dans d’autres villages », conclut Hanati.
Aujourd’hui, Sitty et Hanati sont mieux informées, plus confiantes. Parce que l’hôpital est venu à elles.
La clinique mobile ne guérit pas tout. Mais elle ouvre un chemin. Celui de la prévention, de l’autonomie et de la dignité.